Marguerite
J’étais en train d’errer
Dans des terres sans mystère
Dans des villes sans chaleur
Sans pouvoir me poser
Je ne savais que faire
Pour abriter mes heures
Au coin d’une ruelle
J’ai tourné dans le noir
Pour reposer mes yeux
Au milieu des poubelles
Des regrets des déboires
Et des papiers crasseux
J’enjambais un ou deux
Corps inertes ronfleurs
Cachés sous des cartons
Donnait des coups rageurs
Dans un petit bidon
Dont le son donnait creux
Les ventilateurs chauds
Extracteurs des restos
Me lançaient leurs odeurs
Et j’entendais les rots
Et les pets des cuistots
Qui cuisinaient leur sueur
Au bout de la ruelle
Rectangle de lumière
Porte ouverte d’un four
Comme le bout d’un tunnel
Une canette de bière
Craqua sous mon cœur lourd
Tandis que les pieds freinent
La tête dit Taïaut
Et le ventre se noue
Une fête foraine
Allumait ses projos
Et ses Chamallows mous
Le doute m’assaillit
Mon iris rétréci
Me tromperait ainsi
Elle était là déesse
Une reine surgie
Des embruns de tristesse
Je tendis mes deux sous
Pensant à ses dessous
Anticipant vraiment
Et sans dessus-dessous
Je me retrouvais sans
Un seul son cohérent
Car c’est ainsi que je
Et sa baraque à frites
C’est dans l’amour à l’huile
Que j’ai trouvé mon île
Où je vis tout graisseux
Je la sens si sensuelle
Quand je glisse sur elle
Mes doux yeux de merlan
Notre plaisir s’épure
Tout aussi grésillant
Que friture d’éperlans