Bérengère
« - Bien, tout est arrangé
M’annonce Bérengère,
Je ne suis plus bergère
Car j’ai démissionné… »
Alors là, je m’insurge
Et surgis turgescent
Tout en gesticulant,
Inquiétude et colère
Me poussent en avant
« - Mais enfin, Bérengère,
Enfin, qu’allons-nous faire ?
As-tu pensé à nous,
Ton époux, tes enfants ?…
La vie coûte si chère
Même au Marché-Super…
Ton travail de bergère
Nous aidait bien, c’est clair,
Prélevant une brebis
De par-là ou par-ci
Que nous mangions grillée
Ou rôtie ou farcie
Et ni vu ni connu
Cela passait à l’as…
Cela passait au loup…
Gardant sur la frontière
Nous planquions des cartouches
De clopes sous la laine
Sans que ça fasse louche,
Et nous cachions sans peine
Des bouteilles d’alcool
Quand tu passais le col
Avec tout ton troupeau…
Vraiment c’était trop bon
Avec ça nous étions
Comme les rois du pétrole… »
- Réfléchit, mon gros loup,
L’Europe sonne le glas
Des combines à la noix
Faut voir les choses en grand
Comme ces gros commerçants
Qui bouclent nos usines
Pour les rouvrir en Chine…
Faut viser aussi haut
Que les prix qui s’envolent…
Voit à qui ça profite !
Je veux donner le goût
A nos trois louveteaux
Autre chose que les frites
Et Big-Mac du MacDo !
- Le goût de quoi, ma louve ?
- Mais le goût de la vie…
- … Ce n’est pas la brebis ?
- La brebis, c’est fini,
Non, c’est le goût de l’homme !
- … Mais c’est la guerre, chérie !
- Tu l’as dis, mon loup gris !