Rachel
Elle s’appelait Rachel
Un prénom d’Israël
Et n’avait que la paix
Comme arme dans les mains
La paix je vous rappelle
Ca s’enraye très bien
Et ça ne tire pas loin
Quand assis pour la ronde
Devant les gros engins
On présente la patte
On a pas une fronde
Ce sont bien des histoires
Quand le petit David
Fait la pige à Goliath
Pour les journaux du soir
C’est toujours un suicide
Là-bas c’est la misère
Qui émaille la vie
Les maisons sont saisies
Détruites remises en terre
Tout près de la frontière
De la bande de Gaza
Et sur ces fondrières
Rachel les bras en croix
A tiré la première
Sur l’engin d’acier froid
Qui poursuivit sa route
Sans un soupçon de doute
Aujourd’hui c’est la guerre
C’est la même qu’hier
Sans doute que demain
Qui là-bas bat son plein
Et qui va faire le plein
De ses morts par centaines
Qui est-ce qui se souvient
Ses parents dans la peine
Avec deux trois copains ?
Je crains que ça soit tout
La mort ne sert à rien
L’impact c’est la vie
Et la vie avant tout
Ta vie c’était le tout
Petit pas de côté
Que tu aurais dû faire
Pour pouvoir le frapper
Cet engin par derrière
Oui mais pour toi frapper
Rimais avec jamais
Mais jamais avec paix
Tu avais 23 ans
Ca te laissait du temps
Pour apprendre que le temps
Emousse un peu l’espoir
Apprendre à te méfier
Que les pelles sont des chars
A peine moins cruelles
Quand elles sont chenillées
A plus courte portée
Et sous l’une d’entre elle
Ton sang reste collé
Aujourd’hui sur les flots
Qui coulent en ce pays
Peut-être a-t-il fleuri
Rouge coquelicot
Poème à la mémoire de Rachel Corrie, étudiante américaine de 23 ans, du Mouvement pour la Justice et la Paix, morte le 15 Mars 2008 à Gaza alors qu’elle tentait avec ses amis de s’opposer pacifiquement au passage d’une pelleteuse qui démolissait les maisons des kamikazes palestiniens, que ces dernières soient habitées par les familles ou pas. L’engin l’a volontairement écrasé après l’avoir recouverte de terre.