Enora
Nous devons inventer d’autres révolutions
Disparus les pavés pour faire nos barricades
Nos enfants vont penser et ils auront raison
Que nous leur laissons un héritage bien fade
Et pourtant souviens-toi Enora nos moissons
Ces années où les blés avaient des épis rouges
Ces années où le sang emplissait nos sillons
Quand tu me murmurais : « Chéri, le monde bouge… »
Et il a tant bougé qu’il est méconnaissable
Ce qui n’est pas un mal au sens de la raison
Mais notre épis avant d’arriver sur la table
A subit des dizaines de transformations
Inutiles hormis à ces hommes de l’ombre
Trop nombreux anonymes intermédiaires masqués
Responsables du naufrage de notre humanité
Ils sont là souriant au monde entier qui sombre
Ces magiciens sont ceux qui tirent les ficelles
Paraître les lapins poser les pansements
Vous êtes ébahis et l’illusion est telle
Que vous ne saurez pas s’il dit vrai ou s’il ment
Mais quand verrez-vous donc quand il lève la main
Que vous levez la vôtre… Que s’il porte des bottes
Vous enfilez les vôtres ?… Le chemin pour son bien
Sûrement pas le vôtre, passe au bureau de vote
C’était bien votre blé maintenant c’est son or
Il achète les champs et il tue le meunier
A force d’en vouloir tant encore et encore
Il s’est mordu la queue et il s’est sabordé
Il survivra sans peine au petit préjudice
La queue de ce lézard toujours repoussera
Votre sueur coulera toujours sous ses caprices
Et en eau et en sel il vous la revendra
Nous devons inventer d’autres révolutions
Faire se taire les canons qui portent leur langage
Ces marchands de ton sang emplissent leurs bagages
Ecrire cette page serait belle moisson