Violette
Le soleil dort
La lourde nuit épaisse comme une encre violette
Fait le décor
Et sur plage et rivage où les embruns se jettent
S’échouent les corps
Gonflés et ballottés par la lame assassine
Ils bougent encore
Explosés aux rochers éventrés par les mines
Ils sont bien morts
La Lune est noire
Il ne reste de blanc que la page que gratte
Ma plume avare
De mots qui se déroulent comme fait une chatte
Qui sort le soir
Je lègue mes déliés à mon amie Violette
Je teste amante
Quant à ces nombreux pleins mes amis je les jette
Pour les absentes
Pour les absinthes
Mon palais arraché par le goût qui perdure
Hurle ses plaintes
Il faudra que je pense à croquer le cyanure
La coloquinte
L’amer en est si fort qu’il fait fondre ma tête
Je teste amande
Epais brouillard je m’heurte aux ajoncs qui m’arrêtent
Déserte lande
Je teste menthe
Alors la nuit épaisse de son haleine verte
Paraît démente
Ma feuille est lac gelé plume patine à perte
Sans aucune encre
Navire à sec de toile je suis à sec de toi
Douce Violette
Partie loin te noyer aux profonds lits des rois
De ces tempêtes